Le 16 juin, un groupe d’astronomes européens, constitué de M.
Mayor, D. Queloz, S. Udry, F. Pepe, C. Lovis (Observatoire de
Genève) et de F. Bouchy (IAP), X. Delfosse (LAOG) et J.-L. Bertaux
(Service d'Aéronomie) a annoncé la découverte d'un système formé de
trois Super-Terres en orbite autour de l'étoile HD 40307.
Cette étoile de type K2.5 V, un peu plus légère que le Soleil,
se trouve à 42 années-lumière, c'est-à-dire une de nos proches
voisines à l'échelle de la Voie Lactée. Au cours des 5 dernières
années, des mesures précises de cette étoile ont mis en évidence
d’infimes variations de sa vitesse, qui ont révélé la présence de 3
petites planètes de fort petites masses et de périodes de 4.3, 9.6
et 20.4 jours. Elles ont respectivement 4.2, 6.7 et 9.4 fois la
masse de la Terre. Il est intéressant de noter que la plus petite de
ces planètes est 100 000 fois plus légère que l'étoile autour de
laquelle elle tourne. Autant dire qu'elle ne fait pas beaucoup
bouger l'étoile. Ceci illustre la sensibilité du spectrographe HARPS
qui, à l'observatoire de La Silla (ESO, Chili), a permis la
découverte de ce système planétaire.
Au cours des 13 dernières années, quelques 270 planètes ont été
découvertes autour d'étoiles plus ou moins similaires au Soleil. Ces
planètes sont pour la plupart des planètes géantes gazeuses comme
Jupiter ou Saturne, dans le système solaire. Ces planètes géantes
sont liées à environ 7% des étoiles du type solaire.
L'amélioration de l'instrumentation astronomique permet maintenant
la détection d'innombrables planètes légères de la masse des
planètes de glace telles Neptune ou Uranus (environ 15 fois la masse
de la Terre) voire de planètes encore plus légères. Ces planètes de
masses comprises entre 2 et 10 masses terrestres sont dénommées
Super-Terres. Notons que de telles planètes n'existent pas parmi les
planètes de notre système solaire.
Par la même occasion, ce groupe a annoncé la découverte de deux
nouveaux systèmes planétaires :
Un premier constitué d'une Super-Terre de 7.5 masses terrestres de
période courte (9.5 jours) et d'un Jupiter lointain de période
proche de 3 années. Là encore, l'étoile HD 181433 de type K5 V est
une étoile un peu plus légère que notre Soleil. Le second est
constitué d'une planète de 4 jours de période et de masse de 22 fois
celle de la Terre (un gros Neptune !) et d'une planète fort
similaire à Saturne, si ce n'est que sa période est aussi de 3 ans.
Ces deux systèmes sont aussi le fruit du programme de recherche de
planètes australes effectué avec le spectrographe HARPS.
Ces découvertes ne sont que la pointe de l'iceberg. En dépit de la
difficulté à détecter ces petites planètes, l'analyse de l'ensemble
des étoiles du programme HARPS révèle que 30% des étoiles analogues
à notre Soleil ont des planètes de type Neptune ou Super-Terre si
l'on se restreint à des périodes de 50 jours. Si l'on se rappelle
que 7% des étoiles ont des planètes géantes, que l'on ajoute 30% de
Neptune et de Super-Terres à courtes périodes, que l'on n'oublie pas
que des Neptunes ou Super-Terres à périodes plus longues existent et
que l'on est pas encore capable de détecter des Terres... quelle est
la réponse à la question du titre ? Il ne reste plus maintenant aux
scientifiques qu’à trouver d’encore plus petites planètes rocheuses,
et pourquoi pas avec une température permettant à l'eau d'être
liquide...
Ces résultats ont été annoncés lors de la conférence
internationale "Extra-solar Super-Earths" consacrée à l'étude des Super-Terres
qui s'est tenue à Nantes du 16 au 18 juin. Une conférence qui a réuni des astronomes
et des géophysiciens pour l'étude de ces étranges planètes.
Note : Le spectrographe SOPHIE, installé à l'Observatoire
de Haute-Provence (CNRS-INSU-OAMP) sur le télescope de 1.93 mètre depuis
novembre 2006, a des performances voisines de celles de HARPS. Des optimisations
sont en cours pour que cet instrument atteigne la même précision que son
homologue de l'hémisphère Sud et soit en mesure de récolter ces planètes de type
Neptune ou Super-Terre dans le ciel boréal.
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