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DISPARITION DE DIEGO CESARSKY, DIRECTEUR-ADJOINT DE L'IAP DE 1982 À 1989

Crédit : Bob Rood †

Diego A. Cesarsky (1941 - 2021) fut directeur-adjoint de l'IAP de 1982 à 1989, en parfaite complémentarité avec le directeur Jean Audouze. Il contribua grandement à faire de l'IAP un laboratoire d'astrophysique d'excellence et de réputation internationale.

Diego Cesarsky débuta ses études supérieures à l'Université de Buenos Aires (Argentine), où il rencontra Catherine Cesarsky (née Gattegno) avec laquelle il se maria en 1965 avant que tous deux aillent préparer, à partir de 1966, leurs doctorats d'astrophysique à l’Université d'Harvard (Cambridge, Massachussets, États-Unis d’Amérique). La thèse de Diego, dirigée par Leo Goldberg, portait sur les raies de recombinaison émanant de régions HI et HII du milieu interstellaire. En particulier, elle donnait la première détection de raies de recombinaison émises par des atomes plus lourds que l’hydrogène, tels que le carbone. En 1971, Diego et Catherine deviennent tous deux post-doctorants au département d'astronomie de Caltech à Pasadena (Californie, États-Unis d’Amérique). Diego, en tant que radio-astronome, effectue de nombreuses observations à l'observatoire radio d'Owens Valley (Californie) et publie en particulier une première détection de la raie du deutérium en absorption en direction du centre galactique.

Après leur période américaine, Diego et Catherine décident de venir poursuivre leurs carrières en France en 1974. Alors que Catherine rejoint le Service d'Électronique Physique de Saclay dirigé alors par Jacques Labeyrie et Lydie Koch, Diego devient membre du DERAD, le département de radioastronomie de Meudon, et s’investit en particulier dans l’instrumentation à la station de radioastronomie de Nançay. Il mène aussi des observations en astronomie optique à l’Observatoire Européen Austral (ESO). En 1977, par exemple, il découvre la galaxie naine irrégulière du Sagittaire, située à 4,2 millions d'années-lumière.

En 1982, au début de son deuxième mandat de directeur de l'IAP, Jean Audouze invite Diego à devenir directeur-adjoint de l'IAP à la suite de Jean-Loup Puget. De 1982 à 1989, Jean et Diego dirigèrent ensemble l'IAP en parfaite complicité amicale. C'est ainsi que Diego contribua grandement à faire de l'IAP un laboratoire d'astrophysique d'excellence et de réputation internationale, en le dotant, entre autres, des meilleurs moyens d'informatique et de calcul de l'époque et en introduisant les méthodes modernes de réduction des données.

À l'issue de son mandat de directeur-adjoint de l'IAP, Diego rejoint l’Institut d’Astrophysique Spatiale (IAS) à Orsay. Il participe au développement de la caméra ISOCAM pour le satellite ISO, et fait partie de la première équipe qui recueille les données d’ISOCAM à Villafranca (Espagne) et effectue les vérifications et la mise au pont de l’instrument, puis réalise des observations et publie des articles sur des sujets divers, dont son sujet de prédilection, la spectro-imagerie du gaz interstellaire. De 1999 à 2009, pendant et au-delà du mandat de directrice générale de l'ESO de Catherine, il rejoint le Max Planck Institute for Extraterrestrial Physics à Garching (Allemagne). Dans la ligne de son travail sur ISOCAM, il participe au développement de l’instrument PACS pour le satellite Herschel.

La communauté astronomique française est donc en deuil et déplore la disparition de Diego, un collègue à la personnalité particulièrement attachante, qui accomplit de façon très discrète une oeuvre considérable, non seulement en matière de recherches radio-astronomiques, mais aussi au service de tous et toutes dans les différentes fonctions qu'il voulut bien assumer avec efficacité.

Condensé des hommages rendus à Diego Cesarsky, principalement lorsqu’il fut directeur-adjoint de l’IAP de 1982 à 1989

Ce qui est tout à fait remarquable dans la trentaine de messages d’hommage et de soutien amical reçus par Catherine à la suite de la disparition de Diego, et relatifs à l’IAP, c’est la convergence, voire la similitude des réactions et des jugements de leurs auteurs, pour la plupart présents à l’IAP au même moment que celui-ci, soit comme doctorant ou doctorante, chercheuse ou chercheur confirmé, ou responsable d’équipe.

On retrouve dans tous ces messages une allusion à la bonhomie de Diego (« J'aimais beaucoup Diego et son gentil sourire presque toujours présent sur ses lèvres »). Diego est décrit comme un collègue particulièrement amical et bienveillant. Les différents messages relèvent son humour naturel, son accueil chaleureux, sa gentillesse, son écoute et son altruisme.

Bien sûr, la plupart des correspondants éprouvent de la reconnaissance vis à vis de Diego quant à l’aide concrète qu’il leur a apportée dans la résolution de leurs problèmes informatiques. Diego le faisait constamment avec générosité et bonne humeur. Car Diego a laissé en héritage non seulement à l’IAP, mais aussi à l’Observatoire de Paris, des moyens informatiques particulièrement performants à l’époque où il les conçut.

Par toutes ses qualités humaines et ses compétences qu’il mit au service de toutes et de tous, Diego fit que la période 1982–1989 de l’histoire de l’IAP fut particulièrement heureuse et productive.

Rédaction : Jean Audouze, François Bouchet, Catherine Cesarsky, Valérie de Lapparent
Mise en page : Jean Mouette

Mai 2021

Institut d'Astrophysique de Paris - 98 bis boulevard Arago - 75014 Paris